Le marais Saillant est un marais salant situé sur l’île de Noirmoutier, sur la commune de L’Epine. Ce marais est un lieu-dit. Les 160 marais de l’île ont été nommés il y a bien longtemps de la même manière que l’on nomme les quartiers des villes. J’ai entrepris la restauration de mon marais en octobre 2021 mais sa dernière activité remonte à 1960.
Tout d'abord, il a été nécessaire de faire le traçage de chaque chemin à l'aide de piquets et de cordes afin de retrouver le circuit d'eau. Ensuite, chaque chemin a été reconstruit à l'aide d'une pelle et de beaucoup de motivation. Plusieurs centaines de mètres ont été façonnés à la main pour composer la structure du marais. Une fois le squelette achevé, la priorité a été la circulation de l'eau. Le but était de faire circuler l'eau sur le plus faible niveau possible afin d'augmenter au maximum le pouvoir d'évaporation. Ce fut un travail minutieux. Chaque fond de bassin a été taillé afin que l'eau puisse avancer grâce à la gravité. Le principe était de partir du point le plus haut du marais afin de terminer par les œillets salants. Chaque bassin composant l'exploitation est donc plus bas que le précédent.
C’est au moyen-âge que les moines bénédictins auraient transformé les marais afin d’y récolter du sel. Appelé “Or blanc”, les moines s’en servaient en tant que conservateur. Aujourd’hui, le sel est consommé pour la cuisson des aliments ou directement à l’assiette.
On définit généralement la superficie d’un marais salant à son nombre d'œillets. Le mien en est constitué de 20. D'autres marais de l’île peuvent atteindre jusqu’à 72 œillets, représentant la taille d’un stade de foot. Ils sont alimentés par des réserves, ce sont de grandes étendues d’eau alimentées par la mer situées bien avant le circuit que je vous ai décrit précédemment.
Les marais sont uniquement constitués d’argile. On y retrouve une flore pouvant supporter des conditions difficiles (vent, chaleur et sel), comme la salicorne ou la fleur des marais, ainsi qu’une faune développée. Par exemple l’avocette est une espèce d’oiseau emblématique sur l’île de Noirmoutier par son omniprésence sur les marais salants. Cet oiseau rigolo chasse dans les marais et se niche dans les chemins. Ils protègent leurs petits en groupe, et essayent de m’attirer loin de leur nid en courant très vite dans la direction opposée. J’ai l’habitude de travailler en leur présence et je fais attention à eux. Tout cet écosystème s’inscrit en tant que zone Natura 2000 (charte composée d’une série d’avantages pour la société et l’économie grâce à la continuité des services écosystémiques) visant à protéger la biodiversité de cet environnement.
Aucune part de la production n’est perdue sur le marais. Les premières tirures (premiers tirage de récolte) de sel grisées par l’argile sont rejetées dans l’eau ou gardées pour les marins pêcheurs de l’île pour leur “boîte” pour conserver leurs appâts.
La production d’un marais est soumise aux caprices de la lune pour les coefficients de marées, influençant le remplissage des bassins. La chaleur joue aussi un rôle important : plus elle est haute, plus l’évaporation se produit et le sel apparaît.
Je travaille pour l’instant tout seul sur mon marais, aidé lors des pics de production (de mi-juin à mi-septembre) par ma famille, ma compagne et mes amis. Je souhaite développer encore mon marais afin de pouvoir commencer à embaucher des étudiants chaque été. De cette manière, j'espère pouvoir transmettre mon goût pour la saliculture aux plus jeunes, de la même manière que l’on me l’a transmis.