Finca Los Montieles est un domaine très récent. C'est le rêve de mon grand-père qui a décidé de se consacrer à l'agriculture comme passe-temps pour sa retraite en 2018. Les choses sont allées tellement bien pour lui que nous avons décidé d'en faire une activité familiale. Mon grand-père, Pepe Montiel, a travaillé 47 ans dans une fabrique de meubles. En prenant sa retraite, il a cherché un morceau de terrain pour cultiver son jardin comme hobby car c'est une personne très active qui ne peut pas rester sans rien faire. On lui a offert un domaine d'environ 2 ha et il n'a pas pu dire non. Cela a représenté un défi pour lui et il l'a relevé avec grand plaisir. Mon grand-père était décidé à cultiver quelque chose de différent et les fruits tropicaux ont toujours attiré son attention. Après de nombreuses recherches, il a décidé de tester trois cultures aussi exotiques que la papaye, la pitahaya et le fruit de la passion. Étant donné qu'il n'a jamais utilisé de pesticides dans son potager et qu'il voulait que ses clients mangent ses fruits comme il aime lui-même les manger, il a décidé de cultiver de façon biologique dès le début. Et c'est ainsi que ce projet est né ! Quant à moi, je me trouvais en Angleterre pour une saison pour me chercher un travail et améliorer mon anglais. Mais j'ai été tellement enthousiasmé par le projet de mon grand-père que j'ai décidé de rentrer en Espagne pour être avec lui, l'aider et créer une entreprise qui me donnerait un travail.
Notre exploitation familiale est située à Cuevas de Almanzora, à moins de 1 km de la mer Méditerranée, un site exceptionnel pour la culture de ces fruits tropicaux en Europe. Le domaine compte 3 zones de culture : la papaye, qui est protégée par une serre en hiver, la pitahaya, qui est cultivée sous filets, et le fruit de la passion, qui est cultivé en extérieur. Nous avons un petit entrepôt où nous exécutons différentes tâches. En plus de Pepe et moi, il y a 2 employés permanents supplémentaires au domaine depuis 2019, Abdul et Rey. Nous devons tous les quatre être polyvalents pour nous adapter aux différents besoins. Ils perçoivent un salaire amélioré par rapport à celui établi par la convention collective du secteur agricole. Ils touchent également des primes si tout s'est bien passé à la fin de la campagne et nous nous réunissons une fois par trimestre pour boire un coup et manger un bout comme une grande famille. En cas de besoin, nous embauchons des personnes du village pour nous aider lorsque le travail s'intensifie de manière ponctuelle.
C'est une région agricole et touristique, et autour du domaine il y a d'autres exploitations qui produisent des légumes. L'eau que nous utilisons pour arroser provient de la communauté d'irrigation qui l'obtient du bassin de Cuevas et d'une station de dessalement. Chaque plantation a besoin d'irrigations qui supposent une consommation par plante et par semaine d'environ 15 litres pour la papaye, 20 litres pour le fruit de la passion et 10 litres pour la pitahaya, des chiffres qui peuvent varier en fonction de si l’on est en hiver ou en été. Toutes les plantations sont arrosées de façon efficiente au goutte à goutte et nous ne gaspillons pas une seule goutte d'eau. Les fruits que nous envoyons sont sélectionnés à la main et nous choisissons uniquement ceux qui ont déjà atteint un point optimal pour leur consommation. Pour réduire le gaspillage de fruits, nous destinons ceux qui ne peuvent pas être vendus à la préparation de confitures.
Pour empêcher l'herbe de pousser, nous utilisons des filets de protection au sol. L'herbe qui pousse quand même est retirée manuellement et nous l'apportons aux bergers de la région pour qu'ils nourrissent leurs animaux avec, ainsi que les restes de taille. Nous utilisons des ennemis naturels pour lutter contre l'invasion de parasites et nous disposons de végétation sauvage et d'hôtels à insectes autour du domaine pour aider à préserver la biodiversité de l'entomofaune. Nous plantons également des fleurs qui attirent les pollinisateurs et sont bénéfiques pour l'écosystème.