Je suis Tiphaine Quéméner et je suis, entre autres, productrice d’oignons de Roscoff à Roscoff. Au départ, je ne me destinais pas vraiment à cette activité… J’ai travaillé à Paris et à Nantes dans le marketing. En 2016, j’ai repris avec mon frère en double activité la ferme, puis en 2018, à 29 ans, j’ai choisi d’en faire mon unique activité. J’avais envie d’avoir un métier utile et qui a du sens. Quoi de plus utile que de nourrir les hommes ? Aujourd’hui, travailler en famille est un vrai plaisir (même s’il y aussi des challenges) et j’apprends énormément grâce aux connaissances de mon père. Pas besoin de livres ! Il a tout en tête. Il y a très peu de routine dans notre quotidien, on s’ennuie rarement ! Pour ma part je préfère la période de plantation et le suivi. C’est passionnant de semer une graine et de voir 2 semaines plus tard que celle-ci a germé et que la pousse fait 3 centimètres ! C’est magique. Alors que la récolte est une période beaucoup plus stressante (il faut une bonne météo, c’est hyper intense de gérer à la fois la récolte et la vente).

D’aussi loin que l’on s’en souvienne, notre famille a toujours travaillé la terre et produit des oignons à Roscoff et des échalotes. Roscoff est une petite ville située sur la côte nord du Finistère (en Bretagne) qui grâce à son climat doux et humide permet de nombreuses cultures maraîchères. Mais le légume dont Roscoff est le plus fier c’est l’oignon : un oignon doux et fruité, qui fait le bonheur de tous les gourmands. Au point qu’en 2009, il obtient une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) puis Protégée (AOP) en 2013. C’est là que nous avons passé notre enfance, entre la mer et les oignons, et bercés par les histoires anglaises de notre père et grands-parents qui allaient y vendre leurs oignons jusqu’au milieu des années 1960 : les fameux Johnnies. Les échalotes sont un produit complémentaires des oignons. Sa culture est assez différente même si ces deux produits sont de la même famille (les alliums). Une autre spécialité de notre exploitation est la pomme de terre nouvelle. Cette culture s’est développée dans notre région du fait de la douceur du climat et l’absence de gel expliqué par le présence du Gulf Stream, ce courant marin chaud à proximité de la pointe bretonne. Nous avons passé toutes nos vacances dans les champs à s’occuper de la culture d’oignons et d’échalotes. À la fin du mois d’août, nous suivions notre père pour le moment le plus important de l’année : la récolte. Certains chargeaient les sceaux en oignons ou échalotes tandis que d’autres les déversaient dans de grosses caisses en bois dans lesquels les bulbes allaient passer l’hiver bien au sec ! Après nos études et forts de nos expériences en entreprise, nous décidons de nous lancer dans la reprise de la ferme familiale ! Nous avons eu la chance de pouvoir capitaliser sur l’expérience de notre père, la figure emblématique de la ferme et au cœur de cette histoire de transition et de transmission. Nous essayons de travailler nos produits de la manière la plus raisonnée possible en limitant au maximum les intrants et en favorisant le désherbage manuel. L’oignon de Roscoff et les échalotes traditionnelles et les pommes de terre primeur ne nécessitent généralement pas de système d’irrigation car nous disposons dans le nord Finistère d’une pluviométrie adaptée et de terrains retenant l’eau. Malgré des épisodes de chaleurs de plus en plus importants, ces dernières années, nous avons fait le choix de ne pas irriguer et de récolter ce que la nature nous offre. En 2018, nous reprenons pleinement les reines de la ferme avec mon frère (mais toujours avec le soutien de notre père) et nous réinvestissons dans du matériel pour nous aider au quotidien. Nous travaillons à trois sur la ferme. Depuis cette date, nous nous sommes tournés vers la transformation de l’oignon brut (en confit principalement). Une nouvelle étape de passée ! Nous travaillons le produit manuellement au maximum. Ainsi tous les oignons ou les échalotes que vous recevrez dans votre colis seront passés dans nos mains, vérifiés par des hommes et non des machines ! Nous cultivons également l’artichaut qui est une culture ancestrale et nécessite toujours un travail très manuel de la plantation à la récolte. Cette culture est intéressante au niveau agronomique, tout d’abord puisqu’elle reste en place longtemps et permet donc au sol de bien se structurer, ensuite car le broyage des parties aériennes nourrit le sol par le retour de matières organiques en quantité importante (il n’y a qu’une partie de la plante qui est récoltée). Le chou-fleur est une culture historique de la région qui est aussi présente sur l’exploitation. Cette plante apprécie particulièrement la richesse des sols et la douceur hivernale dûe à la proximité directe de la mer. Depuis que nous avons repris l’exploitation, nous avons intégré de nouvelle espèces bien connues (chou vert frisé) ou plus originale (chou chinois, chou rave). La “Ferme de Kergus” porte désormais notre nom, elle est devenue “Maison Quemener” en 2021. Notre volonté était de marquer un changement vis à vis de nos clients (en particulier professionnels car les particuliers nous connaissent) en mettant l’accent sur nos valeurs fondatrices : la qualité des produits, le savoir-faire de nos cultures et la préservation de la tradition reçues de nos ancêtres. Tous les résidus (peaux / racines) ont une deuxième vie et sont utilisés comme compost. Nous sommes vigilants à notre écosystème, nous avons donc fait le choix de conserver les haies entourant nos champs afin de proposer aux insectes des refuges. De la même manière, nous essayons d’introduire sur les parcelles des bandes fleuries pour le bonheur des butineurs et de nos voisins. Notre souhait ? Faire découvrir au plus grand nombre nos spécialités et le rendre indispensable à tous vos petits-plats !