Peut-on imaginer un petit village à l’intérieur d’une ferme ? Avant l’arrivée de la mécanisation, la ferme « Cortijo de Doña Marina » était peuplée par un grand nombre de personnes qui s’occupaient non seulement des tâches agricoles, mais aussi de travaux également indispensables tels que celui de forgeron, menuisier, boulanger ou même celui de professeur, responsable de l’éducation des enfants à l’école de la ferme. Il y avait tout ce que l’on pouvait trouver dans un petit village quelconque à l’époque.
En fait, chacune des constructions conserve toujours le nom soit de l’activité qui s’y déroulait, soit des personnes qui y logeaient. Hélas, la ferme a perdu une grande partie de la vie et la joie qui l’animaient jadis. C’est là que se trouve la source de notre enthousiasme et notre désir de récupérer la vie et le mouvement de cette ancienne ferme. Notre but est d’arriver à générer une telle nouvelle activité qui nous permette de remettre en marche la fête qui marquait tous les 24 Août la fin de la récolte. Mais pour y parvenir, nous avons besoin de gens prêts à nous aider à réussir notre projet.
Notre maison est située au nord de Grenade, en plein cœur de l’Andalousie, à une altitude de 1.100 m et entourée de montagnes de tous côtés. De là on peut voir à l’horizon les sommets spectaculaires de Sierra Nevada, ainsi que les montagnes de Baza, Arana, Cazorla et Mágina. Un paysage spectaculaire qui abrite un parc national à proximité, ainsi qu’un grand nombre de zones protégées.
Il faut remonter jusqu’à il y a plus de 300 ans pour essayer de trouver l’origine de la ferme « Cortijo de Doña Marina » . Bien qu’elle ait toujours appartenu à notre famille, l’origine de son nom nous est toujours inconnue. Il existe plusieurs légendes autour de son histoire, mais aucune d’entre elles n’a jamais pu être démontrée. Ce manque de certitude nous permet cependant d’y ajouter nos propres rêveries et de maintenir le mystère passionnant dans le temps.
Les cultures principales dans la zone sont essentiellement des oliviers et des céréales, mais il existe également des champs d’amandiers, d’arbres fruitiers et de certaines plantes aromatiques comme la lavande. Les chênes verts (*Quercus ilex*) y sont très abondants, et il existe une énorme variété de plantes aromatiques sauvages qui, réchauffées par les rayons du soleil, dégagent leurs essences chaque jour dans les ravins et les zones les plus sauvages, qui abritent un grand nombre de lapins, de renards et de sangliers. Un air plein d’oxygène et de parfums méditerranéens qui remplissent l’âme autant que les poumons à chaque promenade.
Les arbres sont des cultures pluviales. Il ne pleut pas beaucoup, 500 mm/an environ, mais les amandiers, qui sont très résistants, sont capables d’atteindre une bonne production avec un faible niveau d’exigences. Nous sommes conscients du fait que l’eau est une ressource limitée et nous faisons de notre mieux pour éviter qu’elle ne se perde. Afin d’optimiser l’utilisation de l’eau, nous essayons, d’une part, d’améliorer la capacité de sol en ce qui concerne son emmagasinage et, d’autre part, nous avons créé un étang où l’on accumule l’eau de pluie. Nous avons récemment initié notre processus de transition à l’agriculture 100% biologique.
Notre modèle de production intègre les animaux dans le processus agricole. Durant l’automne et l’hiver, jusqu’au moment où les amandiers récupèrent leurs feuilles, on laisse les moutons brouter parmi les arbres et profiter de l’herbe qui couvre la terre. L’engrais des animaux enrichit le sol, ce qui favorise la croissance des arbres, et par conséquent la surface d’ombre qu’ils fournissent au bétail. Les restes des arbres et de la récolte vont aider d’une part à augmenter la masse organique du sol, et d’autre part, à chauffer la maison. Aussi, les restes d’engrais et de fumier déposés dans les étables sont-ils soumis à un procédé de compostage afin de les distribuer là où un supplément s’avère nécessaire pour régénérer le sol. Comme vous voyez, ici on utilise, on réutilise et on profite au maximum de tout ce que nous fournit la nature.
Sur les lignes entre les arbres on laisse pousser des plantes aromatiques autochtones telles que le romarin, le thym et la santoline entre autres, qui servent d’abri et d’aliment à de nombreux insectes. Tous les ans, un apiculteur apporte ses ruches afin que ses abeilles profitent des fleurs de nos amandiers et de nos plantes aromatiques, tout en favorisant leur pollinisation.
Il s’agit d’un projet familial, mené par mon oncle Agustín et par moi-même, auquel participent, non seulement d’autres membres de ma famille, mais aussi les bergers et les travailleurs agricoles qui ont permis de le mener à bout. Nous sommes tous étroitement liés à la ferme, et chacun d’entre nous s’occupe de la tâche spécifique qu’il connaît le mieux. Notre région dépend à 100% de l’agriculture ; c’est la raison pour laquelle, en plus de notre fort attachement à la terre, nous tenons à ce que nos projets se développent et puissent générer de la richesse à travers des modèles agricoles durables capables d’aider au développement d’une grande partie de la région.