Finca La Noria est un domaine familial situé à Buñuel (Navarre, Espagne) au cœur de la région des rives de l'Èbre, à une quinzaine de kilomètres de Tudela. Je ne connais pas l'origine du nom « La Noria » bien que je l'aie souvent cherchée. C'est mon arrière-grand-mère Eufrasia qui a commencé à façonner le domaine en 1914, en cultivant quelques amandiers, que nous conservons encore aujourd'hui, et en le transformant en parcelle irriguée grâce à une concession d'eau d'irrigation du Canal Impérial d'Aragon.
Ce domaine compte 120 hectares où nous cultivons environ 80 variétés différentes de fruits, de légumes et légumes verts, de céréales, de légumineuses et de fruits secs. L'ensemble du terrain est cultivé en agriculture biologique, avec des espaces dédiés aux fleurs, un bassin d'eau de source et des arbres d'ornement disposés le long de quelques allées. Le domaine est délimité par une route et par le Canal Impérial d'Aragon, et de l'autre côté, il y a des champs appartenant à d'autres agriculteurs en dehors de la famille.
Nous avons créé un écosystème au domaine qui nous aide à atteindre l'équilibre naturel dont les cultures ont besoin. Nous avons trois espaces de pollinisation avec des ruches d'abeilles, nous laissons de l’espace aux rapaces pour qui nous avons installé des poteaux et des nichoirs, et nous préservons aussi les insectes grâce à des abris spécifiques et près de 2 km de bandes florales leur sont destinées. Nous développons actuellement des îlots protégés comme réservoirs de faune auxiliaire, à base d'herbes et de plantes autochtones.
Des canards et d'autres espèces aquatiques fréquentent notre bassin, qui se remplit naturellement d'une eau cristalline provenant d'une source naturelle. Nous avons également des poules et des moutons qui, en plus de nous donner des œufs, nous fournissent de l'engrais et nous aident à réduire notre production de déchets à zéro en se nourrissant des mauvaises herbes, des restes de la récolte et des éventuelles pertes après emballage. Nous adorons observer et sélectionner les meilleures graines de nos plantes préférées, que nous gardons dans notre propre banque de graines pour les utiliser plus tard dans le lit de semence pour les plantations de l'année suivante. Grâce à ces actions, nous basons notre gestion sur l'économie circulaire.
Notre marque commerciale BioTrailla a été créée lors de la transition du domaine vers l'agriculture biologique pour distribuer nos produits dans les foyers, les restaurants, les magasins et sur les marchés. Mais ce n'est pas uniquement une marque : c'est notre mode de vie, notre façon d'appréhender l'environnement et la nature. Nous utilisons des matériaux biodégradables, nous fabriquons notre propre compost avec du fumier et une partie des pertes de la récolte, nous faisons attention à notre consommation d'eau en ayant recours à une irrigation au goutte à goutte, nous plantons des arbres pour repeupler et, en définitive, nous traitons la nature comme ce qu'elle est : un être vivant.
L'une des plus grandes difficultés que nous rencontrons dans la gestion des cultures, c'est le contrôle des mauvaises herbes ou, plutôt, des herbes « non-souhaitées », parce qu'on ne peut pas dire qu'elles soient « mauvaises ». Pour cela, nous avons recours à de faux semis, à la rotation des cultures, aux poules, et à un paillage ou mulching fait avec un matériau biodégradable similaire au plastique à base de cellulose de pomme de terre, de couleur noire, qui a trois fonctions : empêcher l'évaporation de l'eau d'irrigation pour économiser l'eau, augmenter la température du sol grâce au soleil pour que les plantes poussent mieux, et éviter la germination d'herbes non-souhaitées afin qu'elles ne fassent pas concurrence à nos plantes.